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La Faculté d'éducation forme 34 nouveaux enseignants au secondaire en Haïti

Le recteur a remis 34 diplômes de baccalauréat en enseignement au secondaire le 16 février, lors de la 1re collation des grades à Cap-Haïtien. On le voit ici en compagnie de Rose-Philomène Gédéon, récipiendaire du Prix de reconnaissance des professeurs du Département de pédagogie pour le meilleur mémoire de fin d'études.
Le recteur a remis 34 diplômes de baccalauréat en enseignement au secondaire le 16 février, lors de la 1re collation des grades à Cap-Haïtien. On le voit ici en compagnie de Rose-Philomène Gédéon, récipiendaire du Prix de reconnaissance des professeurs du Département de pédagogie pour le meilleur mémoire de fin d'études.
Photo : Harry Calixte

21 février 2008

Isabelle Huard et Caroline Dubois

Afin de contribuer aux efforts de développement du pays le plus pauvre de l'occident, l'Université de Sherbrooke poursuit sa mission éducative jusqu'en Haïti. En collaboration avec la Faculté des sciences de l'éducation Régina Assumpta de Cap-Haïtien, l'UdeS a célébré la diplomation de 34 nouveaux enseignants au secondaire lors d'une collation des grades qui s'est tenue le 16 février à Cap-Haïtien. Ces enseignantes et enseignants auront pour mandat de se consacrer à augmenter le faible taux de scolarisation, qui est de 60 % à l'heure actuelle.

À la suite d'une initiative de la doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation haïtienne en 2004, visant l'appui de la Faculté d'éducation sherbrookoise pour la formation à l'enseignement au secondaire, une collaboration étroite est née en 2005 entre les deux institutions. Sous l'égide de la communauté des sœurs de la Congrégation de Sainte-Croix, dix professeurs et quatre chargés de cours de la Faculté d'éducation de l'UdeS se sont rendus en Haïti pour aider à la formation des maîtres.

La situation haïtienne est marquée par une lutte constante et perpétuelle vers un mieux-être et un changement, révèle Véronique Telfort, une enseignante d'Haïti dont le frère est l'un des 34 diplômés. Arrivée au Québec il y a un mois, elle poursuit une maîtrise en sciences de l'éducation à Sherbrooke. «Cet engagement pour un changement passe par l'éducation, dit-elle. Moi, j'y crois, et ma présence ici l'explique. Il nous arrive parfois de manquer de force et d'appui. Je souhaite que cette fraternité dont l'Université de Sherbrooke est porteuse demeure entre Haïti et le Canada.»

Selon le dernier recensement mené en Haïti en 2003, les jeunes de moins de 20 ans représentent 48 % de la population, qui se chiffre à 8,4 millions d'habitants. De ce nombre, moins de la moitié ont fréquenté un établissement scolaire. Sur l'ensemble de la population âgée de cinq ans et plus, 37,4 % n'ont aucun niveau d'étude, 35,2 % ont atteint le niveau primaire et 21,5 % le niveau secondaire. La proportion des personnes ayant le niveau universitaire n'est que de 1,1 %.

Des données qui démontrent l'importance de l'entraide internationale pour répondre aux besoins criants de ce pays en matière d'éducation, comme l'explique le recteur Bruno-Marie Béchard : «L'Université de Sherbrooke est très fière d'avoir rempli sa mission avec un si beau succès, et de contribuer ainsi au perfectionnement du corps enseignant haïtien par l'amélioration des compétences. Le fait d'avoir surmonté les obstacles liés à la situation sociopolitique instable et d'avoir apprivoisé la culture de l'autre nous a beaucoup enrichis mutuellement. Il est remarquable qu'en dépit de tous les défis inhérents à un tel projet, 34 personnes aient terminé avec succès leur baccalauréat en enseignement au secondaire.»

Une collation des grades à saveur UdeS

Samedi dernier, les nouveaux diplômés ont été officiellement investis des couleurs de l'Université de Sherbrooke, en retournant leur cape noire pour se couvrir d'or et de vert, en présence de plus de 350 parents, amis et professeurs venus des quatre coin du pays. Des invités de marque étaient également présents, comme Claude Boucher, ambassadeur du Canada en Haïti, et Gabriel Bien-Aimé, ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle. C'est la 2e fois qu'un tel rituel d'investiture de collation des grades est exporté à l'étranger. Le 26 janvier 2007, 16 membres du corps professoral de l'Université catholique Boliviana de La Paz en Bolivie avaient vécu ce moment hautement symbolique.

Lors de la cérémonie, le recteur a exprimé toute sa joie et sa fierté aux nouveaux diplômés et diplômées : «Quel plaisir et quelle satisfaction de contribuer à former des enseignantes et des enseignants du secondaire qui œuvrent en Haïti! Je tiens à souligner à quel point toute l'équipe professorale de l'Université de Sherbrooke a été fort impressionnée par le courage, la persévérance et les sacrifices des diplômés d'aujourd'hui, de même que par leur talent, leur détermination, l'intensité de leurs efforts et le calibre de leur travail.»

Munis de nouvelles connaissances et de fortes compétences, les nouveaux diplômés poursuivront une carrière des plus utiles, dans un pays faisant face à des besoins criants, comme en témoigne la doyenne de la Faculté d'éducation de l'UdeS, Céline Garant : «L'éducation est la base de tout. En contribuant à l'éducation d'enfants et d'adolescents, ces enseignantes et enseignants participent au développement du pays tout entier. En instruisant les jeunes d'Haïti, ils les aident à leur tour à prendre des décisions éclairées qui favoriseront une démocratie toujours mieux exercée.»

Selon la professeure Hélène Hensler, marraine de la cohorte : «De telles expériences sont riches d'effets à plus long terme, non seulement sur les personnes directement impliquées, mais aussi sur nos institutions éducatives.» Tout comme ses collègues, la professeure peut témoigner que ces étudiantes et étudiants ont réussi à surmonter un à un les obstacles qui se sont présentés sur leur chemin : insécurité lors du retour à la maison la nuit après les cours, activités de formation condensées sur une courte période, manque d'électricité, intempéries, familiarisation avec Internet, difficile accès à une documentation spécialisée et pertinente, échéances serrées à respecter malgré un emploi du temps surchargé, et aussi, évidemment, difficultés financières et soucis familiaux.

Elle ajoute : «Même si ces gens travaillent dans des situations d'enseignement difficiles, où les ressources sont rares et les classes souvent surchargées, il savent exploiter au mieux les ressources de leur environnement.»

Lors de la collation des grades, la professeure Hensler a tenu à exprimer sa reconnaissance à tous les professeurs qui ont participé au projet, ceux de la Faculté des sciences de l'éducation Régina Assumpta et ceux de l'Université de Sherbrooke, pour tout ce qu'ils ont su transmettre, ainsi que pour les efforts entrepris pour comprendre les objectifs de ce programme. Elle avait également un message important à transmettre aux diplômées et diplômés : «Dans la poursuite de votre carrière, vous êtes appelés à inventer de nouvelles pratiques et à devenir des acteurs éducatifs de premier plan pour réaliser les nombreux changements qui sont annoncés dans la Stratégie nationale d'action pour l'éducation pour tous, adoptée l'an dernier par le ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle. Dans un pays où la formation des jeunes est le principal levier pour un développement social et économique durable, la formation des enseignants ne sera jamais trop poussée. Elle constitue sans contredit un investissement prioritaire.»

L'Université de Sherbrooke dans le monde

Au total, l'UdeS a signé des accords de coopération avec 173 universités, offre des formations et des cotutelles de thèse dans 92 villes sur cinq continents, et tient des collations des grades dans sept pays : le Canada, la France, le Maroc, le Brésil, la Guinée, la Bolivie et maintenant, Haïti. L'Université de Sherbrooke se distingue donc notamment par son approche de partenariat coopératif et par sa capacité d'adaptation aux différentes cultures.

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